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Fipadoc : la liberté éditoriale des auteurs de documentaires en question
Satellifacts - Publié le vendredi 21 janvier 2022 à 15 h 27 - Actualité n° 301450
« Selon un sondage que nous avons réalisé après d’une centaine d’auteurs-réalisateurs, 60 % d’entre eux déclarent s’autocensurer et une majorité a le sentiment d’être devenus des prestataires de service », a déclaré Elizabeth Drévillon, présidente de la Guilde des auteurs et réalisateurs de documentaires et de Reportages (GARRD) lors d’une table ronde intitulée « Des diffuseurs aux SMAD : qu’en est-il de la liberté éditoriale des auteurs ? », qui s’est tenue jeudi 20 janvier dans le cadre des journées professionnelles du Fipadoc à Biarritz.
« Depuis 5/6 ans, il y a une prise en main des diffuseurs sur l’éditorial des projets, et notamment, quand il y a des documentaires avec des interventions. Les chaînes ne veulent plus de « sachants » ou de spécialistes. Elles préfèrent aujourd’hui des témoignages de gens qui ont vécu aux témoignages de gens qui ont étudié le sujet. Cela laisse craindre que la petite histoire fasse oublier la grande histoire », regrette Elizabeth Drévillon.
En tant que sémiologue et observateur avisé des médias, François Jobst estime que le genre documentaire répond aujourd’hui à certains codes : « il n’y a plus de films sans témoignages ni personnages clés et beaucoup d’entre eux favorisent aujourd’hui l’émotion. On observe deux types de films : ceux qui ont un fil conducteur et ceux qui sont fondés sur un enchaînement de témoignages. La parole didactique du documentaire se perd », ajoute-t-il.
« L’hyperconcentration réduit les guichets, et donc, les différentes manières de raconter des histoires », affirme de son côté Jean-Baptiste Rivoire, ex-rédacteur en chef de Spécial Investigation sur Canal+, qui a créé la plateforme Off Investigation, après que « Bolloré a tué l’investigation ». « La convergence entre ceux qui contrôlent les médias et les politiques empêche tous les sujets politiques critiques de voir le jour », poursuit-il. Ainsi donne-t-il pour exemple un projet sur le bilan du premier mandat présidentiel de Macron que lui ont refusé toutes les chaines et Netflix. « A force de lisser les antennes et de ne pas laisser assez de place au pluralisme, les téléspectateurs ont le sentiment de ne pas être représentés par les grands médias. Il y a une grave crise de confiance entre les médias et la population », estime-t-il.
Un point de vue que ne partage pas Stéphanie Martin, secrétaire générale adjointe de France Télévisions, seul diffuseur ayant accepté de participer à cette table ronde. « La charte des bonnes pratiques documentaires que France Télévisions a signée mercredi avec les différentes organisations professionnelles, garantit la liberté éditoriale des auteurs », souligne-t-elle (Satellifacts du 19 janvier). « Par cette charte, France Télévisions affirme l’idée que l’élaboration d’une œuvre est une collaboration qui engage trois personnes : l’auteur, le producteur et le diffuseur. D’ailleurs, par le biais de la charte, les chaînes du groupe public officialisent leur relation avec les auteurs, qui n’avaient jusqu’ici de contact officiel qu’avec le producteur ».
De son côté, le producteur Matthieu Belghiti (What’s Up Films) admet que « l’on est dans l’ère de la commande ». « Les cases des diffuseurs se sont beaucoup éditorialisées. Cela se ressent et se diffuse dans la création et dans le choix des sujets proposés aux chaînes. Notre rôle, en tant que producteur et si nous voulons continuer de travailler, est de répondre à la demande. C’est peut-être cela qui cristallise le sentiment d’auto-censure », précise-t-il. Par ailleurs, le producteur admet également que la paupérisation du secteur peut parfois pousser le producteur à s’autocensurer et à prendre de manière plus modérée la défense de l’auteur, « même s’il reste le premier défenseur du film ».
La naissance d’un nouveau guichet, celui des plateformes internationales et thématiques, peut-elle changer la donne ? « En travaillant pour Netflix sur la série documentaire en 10 épisodes, Le Quatrième Procès, j’ai eu une grande liberté d’action après avoir établi précisément, avec la plateforme, la ligne générale à tenir sur la série, avec ses codes, ses clefs et son type d’écriture », explique Matthieu Belghiti. « J’ai le sentiment que le développement des plateformes, et, donc, d’un nouveau guichet, va tirer le genre documentaire vers le haut. D’une part, parce que les plateformes financent mieux le genre et ont une ambition forte sur certains films, d’autre part, parce que, malgré que le formatage de leurs productions, elles n’ont pas la même ligne éditoriale que les diffuseurs traditionnels ».
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